Le massacre d’Inata a secoué le Burkina Faso. Après le deuil, place à la colère et l’incompréhension du peuple. Ainsi une manifestation géante a été organisée le 16 novembre dernier dans plusieurs localités du pays. Les manifestations exigent la démission du Président Roch Kaboré.
Cette exaspération nous rappelle mars 2012, où les femmes de Kati, sous la colère de la défaite militaire des FAMa, marchaient sur Koulouba. Les contextes sont peut-être différents, mais les antécédents restent similaires.
Avant le renversement de son régime, l’expression « menace terroriste dans la bande Sahélo-sahélien » apparaissait dans presque tous les discours du président Amadou Toumani Touré. La problématique du terrorisme au Sahel était devenue une hantise pour le chef de l’État.
Malheureusement, l’avancée des djihadistes, parrainés par la rébellion indépendantiste, aura raison de lui. Au crépuscule de son deuxième et dernier quinquennat, une minuterie soutenue par l’argument des défaites militaires, renverse une démocratie naissante.
Avant sa chute, ATT avait préconisé la thérapie de la conjugaison des efforts des États saheliens contre la menace terroriste. Plus tard, le G5-Sahel est créé mais l’éléphant annoncé est malheureusement venu avec un pied cassé.
Le G5-Sahel est un enfant mort-né puisque son budget de fonctionnement dépendant du financement extérieur, n’a jamais pu être réuni.
Aujourd’hui, il faut aller au-delà du G5, en mettant en place un état-major unique des pays du Sahel. Les États doivent renoncer à leur souveraineté illusoire et permettre aux armées unifiées des pays de combattre l’ennemi au-delà de nos différentes frontières. Cette unité d’action militaire doit être parrainée, c’est-à-dire financée, par budget propre de nos États. Elle doit être faite en toute coordination et en toute indépendance par les pays concernés. L’interférence d’une puissance extérieure risque de plomber le dispositif, comme c’est le cas avec le G5-Sahel.
Les terroristes font front commun et sont de plus en plus organisés. Jamais, aucun de nos États seuls, avec leurs maigres ressources et leurs systèmes de commandement défaillants, ne parviendra à bout de l’hydre terroriste.
En outre, l’action militaire doit se conjuguer avec le développement local, en sensibilisant et en créant des perspectives d’avenir pour une jeunesse désœuvrée qui constitue le bras armé de la menace terroriste.
Cette réorganisation sous-régionale est un impératif face à la gangrène du terrorisme, qui ne rechignera pas à s’attaquer au fondement de la démocratie des autres pays comme c’est le cas chez nous au Mali.
Au Burkina Faso, nous n’en sommes peut-être, pour l’instant, pas là, mais les choses vont parfois très vite.
Nos États doivent illico s’unir, pour ne pas périr.
Harouna KONÉ
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