Pour assurer la paix et la quiétude dans le pays, un dialogue national a été lancé le 20 août. Depuis, il ne s’est pas tenu et a été reporté trois fois. Une situation qui n’améliore pas vraiment l’insécurité dans le pays et dans la région du Sahel. Les Transformateurs qui sont un parti politique imposant et le Fact, le principal mouvement rebelle sont les plus grands inhibiteurs du processus.
Pourquoi le Dialogue National Inclusif (DNI) doit être organisé ?
Après la mort du président Idriss Déby en avril 2021, son fils Mahamat Idriss Déby a été nommé comme le président du Conseil militaire de transition. Après sa nomination, il avait promis d’organiser les élections présidentielles sous 18 mois. On Octobre prochain, l’échéance arrivera à terme. Et ce qui est certain, le scrutin n’aura pas lieu. Le 20 août passé, Mahamat Idriss Déby a présidé la cérémonie d’ouverture du Dialogue National inclusif (DNI). Tenue à N’Djamena, la cérémonie d’ouverture du DNI représente une étape clé dans le processus de transition au Tchad. C’est au cours de ce dialogue que des questions importantes comme la forme de l’Etat et des institutions du Tchad seront discutées. Cependant, ce dialogue a essuyé de nombreux échecs parce qu’il a été reporté de nombreuses fois.
Les causes des reports répétitifs du DNI
La première raison est que de nombreuses parties prenantes ne répondent jamais à l’appel. Il faut noter qu’en dehors de tous les groupes militaires d’opposition du pays, seul le Fact (Front pour l’alternance et le concorde au Tchad) n’a pas signé l’accord de Doha. Il s’agit d’un traité du 8 août qui prévoit un cessez-le-feu dans la nation et surtout la participation des « politico-militaires » au DNI. Pour y participer le Fact dont les troupes ont leur siège dans le désert Libyen, exigent la libération de ses détenus dans les prisons du Tchad. De plus, plusieurs partis de l’opposition et organisations de la société civile à l’instar des Transformateurs refusent de participer au DNI. Pour y participer les Transformateurs posent deux conditions : la revue des quotas de délégués et invités au DNI et le caractère inéligible des autorités en charge de cette transition lors des prochaines élections.
Un dialogue national inclusif suspendu plus de trois fois
D’entrée, il faut savoir que plus 1400 personnes ont été invitées pour s’asseoir à la table de ce DNI. On compte :
- 300 responsables des partis politiques,
- 280 membres des associations de la société civile,
- 240 représentants des provinces,
- 120 dirigeants des «grandes institutions et gouvernement»,
- 100 «autorités traditionnelles»,
- 70 hauts gradés
- et 50 politico-militaires
Le DNI a été reporté trois fois déjà. Si l’équipe censée diriger le DNI est présidée par Gali Gatta Nhothé, un opposant très respecté, le reste de l’équipe est composée de plusieurs acteurs du parti au pouvoir. Pour un haut fonctionnaire proche de la présidence, il estime que les opposants essaient de trouver les motifs nécessaires pour que le DNI ne se produise pas, et donc mettre la faute sur le gouvernement actuel.
En réalité, quelle est la véritable raison de cette demande de parité entre les acteurs du DNI ? Est-ce cette confrontation entre le Nord et le Sud ? Est-ce une inadéquation entre la jeunesse dynamique et les anciens du pouvoir ? Faut-il aussi considérer qu’il s’agit d’une lutte entre les chrétiens et les musulmans ? Plusieurs paramètres sont à prendre en compte dans un Tchad aussi fragile qui ne doit pas connaître le même sort que la Libye.
Les actions de médiation en cours
Le président de l’équipe directoire du DNI, Gali Gatta Ngothé a mis en pause l’organisation de la conférence. Pour l’heure, il a nommé un groupe de «sages», d’«aînés» et d’organisations religieuses pour discuter avec les réfractaires du DNI. Les négociateurs qataris qui étaient impliqués dans l’accord de Doha sont aussi en train d’assurer la médiation. Jusque-là, les choses ne sont pas encore claires. Si les séances du DNI ont repris le lundi 05 septembre, l’avenir est tout de même incertain.
Aussi, est-il important de comprendre que la question de l’alternance démocratique se pose au Tchad. Pour plusieurs, si le président du Conseil militaire de transition, Mahamat Idriss Déby décide de ne pas se présenter au prochain scrutin, il est possible que le dialogue soit entamé par toutes les parties prenantes. Pour le moment, les Transformateurs et le Fact n’ont pas totalement décidé de ne pas prendre part au DNI. Est-ce que Mahamat est prêt à faire des concessions pour que le DNI soit enfin tenu afin de mieux préparer le prochain scrutin ?
Leave a Reply