Les manifestations du 20 octobre au Tchad ont été spectaculaires. Beaucoup de leaders de l’opposition, de leaders religieux, ainsi que des jeunes sont sortis dans les rues pour exprimer leur mécontentement. Cette manifestation a pour objectif de destituer le président par intérim, Idriss Mahamat Déby qui avait promis de quitter et de remettre le pouvoir le 20 octobre 2022, mais qui a décidé de rester deux ans de plus.
Un peuple déterminé
Malgré les inondations qui ont touché les provinces les plus peuplées du pays, le 20 octobre reste une journée inoubliable dans l’histoire du Tchad. Ces eaux stagnantes n’ont pas réussi à noyer la colère de toutes ces personnes qui étaient dans les rues. En dépit de l’interdiction de manifester qui était décrétée par la junte au pouvoir, la plupart des jeunes des quartiers ont répondu à l’appel du 20 octobre. Les manifestations étaient chaudes dans les quartiers de Chagoua, Walia, Abena, Mousal et plein d’autres. La mobilisation lancée par Wakit Tama et la coalition d’organisations de la société civile et de plusieurs partis politiques, a connu une forte participation de la population.
Certaines villes de province comme Abéché, Koumra, Moundou, Bongor et bien d’autres se sont aussi jointes aux manifestations. Très tôt le matin, les manifestations ont commencé dans plusieurs endroits du pays. Des barricades faites à base de morceaux de béton, de branchages, de pneus enflammés ont été érigées dans les quartiers et villes pour dénoncer la dynastie Itno. En réalité, les manifestants s’érigent contre la présidence de Mahamat Débyt pour 24 mois de plus, annoncée officiellement le 10 octobre par la commission du DNIS.
Ainsi, le 20 octobre, jour choisi pour la manifestation est celui correspondant au jour où Idris Déby Mahamat aurait dû choisir son successeur pour prendre les rênes du pays. Mais comme la plupart des dirigeants africains, il n’a pas tenu promesse. Il a décidé de rester au pouvoir 2 ans de plus et a aussi la possibilité de se présenter aux prochaines élections présidentielles.
La riposte policière
La junte militaire au pouvoir avait déjà prévenu tous ceux qui allaient sortir dans les rues pour manifester. Dans une note du gouvernement du 19 octobre, on pouvait lire : « La manifestation publique, prévue pour le 20 octobre par certaines organisations est formellement interdite ». Les autorités de transition avaient affirmé que selon les informations à leur disposition, cette marche avait pour objectif de créer « une insurrection populaire et armée avec l’appui des forces extérieures afin de déstabiliser » le pays. C’est pour cela que la manifestation a été interdite pour «non-respect des dispositions légales liées aux marches pacifiques ».
La police n’a pas hésité à riposter. Ce sont des répressions à coups de gaz lacrymogène, mais aussi à balles réelles qui ont été remarquées dans les rues du pays. Si le bilan définitif n’est pas encore sorti, l’opposant Saleh Kebzabo, l’opposant faisant parti du « gouvernement d’union nationale » a évoqué lors d’une conférence de presse le jeudi 20 octobre en après-midi, un bilan d’une « cinquantaine de morts » et de « plus de trois cents blessés » sur l’ensemble du territoire.
Un bilan assez lourd
Selon les informations récoltées jusqu’à présent, près d’une cinquantaine de personnes ont laissé leurs vies dans ces manifestations du 20 octobre. Selon le ministre de la communication Mahamat Saleh, « entre dix et quinze éléments des forces de l’ordre ». Dans une interview accordée au journal Le Monde, il affirmait que « trois ont été tués par des manifestants munis d’armes de poing et d’armes blanches, alors qu’ils étaient en faction devant le gouvernorat. Des policiers ont aussi été directement attaqués dans des commissariats. Ce n’était pas une manifestation, mais une insurrection pour prendre le pouvoir ».
En outre, selon l’AFP, plusieurs cas de blessés et de morts ont été évoqués dans des centres de santé et dans des hôpitaux du pays. En outre, parmi les personnes décédées au cours de ces manifestations, il y a un chanteur et un journaliste. Ce dernier qui travaillait pour la radio CEFOD a été tué devant sa maison. La mort du journaliste Narcisse Oredjé reste un choc pour plusieurs personnes. En ce qui concerne l’artiste, il s’agit de Ray’s Kim EDM.
Le président de la Commission de l’Union Africaine condamne les faits.
Le président de la Commission de l’Union Africaine, le Tchadien Mahamat Faki Moussa a condamné d’un ton ferme, les répressions brutales et mortelles des manifestants dans le pays ce jeudi 20 octobre. Ces manifestations visant à faire changer d’avis au président de la junte Idriss Dédy ont causé beaucoup de tort à la nation toute entière.
Dans un tweet du 20 octobre sur son compte, Moussa Faki Mahamat disait : « je condamne fermement la répression des manifestations ayant entraîné mort d’hommes au #Tchad. J’appelle les parties au respect des vies humaines et des biens et à privilégier les voies pacifiques pour surmonter la crise ».
Il faut aussi noter que la France a vivement condamné ce qui s’est passé au Tchad tout en appelant au calme. Elle dément toute implication dans ce qui s’est passé dans le pays comme les rumeurs le laissaient croire.
La rédaction
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