Sahel : le président Macron annonce officiellement la fin de l’opération Barkhane

Le président Emmanuel Macron a annoncé officiellement ce mercredi à Toulon, la fin de l’opération Barkhane au Sahel.  Après seulement 8 ans d’existence et d’opération auprès des forces locales du Sahel, c’est la fin officielle de Barkhane en Afrique. Tout de même, la phase d’échanges avec les partenaires africains qui va commencer bientôt, permettra de déterminer la nouvelle stratégie militaire française en Afrique.

Fin de l’opération Barkhane, début d’une nouvelle stratégie militaire française en Afrique

Trois mois après le retrait des troupes françaises du Mali, l’hostilité contre les forces armées françaises a gagné du terrain dans plusieurs pays d’Afrique subsaharienne. Ce mercredi 09 novembre 2022, le président français Emmanuel Macron met fin à l’opération antidjihadiste Barkhane en Afrique. Toutefois, il ne s’agit pas d’un retrait définitif des troupes françaises en Afrique ! Il s’agit de définir de nouvelles stratégies de défense sur le continent africain. « Nous lancerons dans les prochains jours une phase d’échanges avec nos partenaires africains, nos alliés et les organisations régionales pour faire évoluer ensemble le statut, le format et les missions des actuelles bases militaires françaises au Sahel et en Afrique de l’Ouest », a déclaré le président en présentant sa nouvelle stratégie en matière de défense en Afrique.

Pour le président Macron, « cette stratégie sera finalisée d’ici 6 mois (…). C’est indispensable et c’est une des conséquences que nous tirons de ce que nous avons vécu ces dernières années dans toute la région du Sahel ». Si le l’opération Barkhane a quitté le Mali il y a trois mois, poussée vers la porte par la junte au pouvoir, elle reste toutefois dans la région. Elle continue de lutter contre les groupes armés affiliés à Al-Qaïda et à l’EI qui progressent rapidement au Sahel et qui tentent de prendre possession des pays du Golfe de Guinée.

Il faut noter que la fin de l’opération Barkhane au Sahel ne se fera pas immédiatement dans la région. Elle n’a pas de conséquence directe sur le dispositif militaire français qui compte actuellement 3000 militaires environ au Niger, au Burkina Faso et au Tchad.

Une nouvelle manière de procéder en Afrique : agir en toute discrétion

Le président français précise que : « notre soutien militaire aux pays africains de la région se poursuivra, mais selon les nouveaux principes que nous avons définis avec eux … Il se déclinera à l’échelle de chaque pays selon les besoins qui seront exprimés par nos partenaires ». Pour lui, les « interventions doivent être mieux bornées dans le temps ». Il continue son discours en disant : « nous n’avons en effet pas vocation à rester engagés sans limite de temps dans des opérations extérieures ».

La nouvelle manière de faire est d’agir en toute discrétion sur le continent. Le nouveau déploiement n’aura pas de nom officiel. « Nos soldats restent couverts, protégés, soutenus, administrés dans des conditions qui sont satisfaisantes » mais l’annonce officielle est « nécessaire localement », a expliqué une source à l’Elysée le mardi dernier. La même source a précisé que « dans le champ des perceptions, Barkhane continue d’occuper une présence très importante sur les réseaux sociaux. Il faut y mettre clairement un terme pour pouvoir basculer sur une autre logique ».

Des analystes français se prononcent

Le nouveau déploiement de militaires sera différent. En effet, il s’agit plus d’une « opération extérieure » comme Barkhane fonctionnait. Selon quelques analystes français, il faut impérativement reconnaître l’échec de Barkhane depuis que le gouvernement de transition malien a mis fin à ses opérations sur son sol. Pour Elie Tenenbaum, spécialiste de la défense à l’Institut français des relations internationales (IFRI), l’objectif premier de Barkhane était de « stopper la propagation du djihadisme au Sahel et de nouer un partenariat fort avec l’armée malienne ». Elle continue en disant qu’aujourd’hui, « ce partenariat stratégique est en lambeaux… alors que le djihadisme s’étend toujours plus largement dans la région, et s’enracine plus profondément dans la société ». Pour Paul Melly, analyste régional de l’Afrique de l’Ouest, « les conditions dans le nord-est du Mali sont désormais très fragiles. Cela aggrave la menace sécuritaire qui pèse sur le nord du Burkina et l’ouest du Niger ».

Tout de même, il est important de mentionner que d’autres facteurs ont poussé Paris à revoir sa position au Sahel. Par exemple, la guerre en Ukraine a montré qu’il est important de repositionner les militaires, plutôt que de les laisser dans une guerre en Afrique. De plus, la guerre de l’influence en Afrique qui se joue sur les médias sociaux ne favorise pas la France. Les propagandes, surtout celles de la Russie ont pris le dessus sur Paris dans les artères politiques et sociales au Sahel. Patrick Robert, journaliste émérite et spécialiste de l’Afrique, confiait au journal Le Figaro, « quand la France est là, elle est accusée d’ingérence. Quand elle n’est pas là, elle est accusée d’abandon. Quoi qu’elle fasse, la France a tort ». Ainsi, ce dernier redéploiement des militaires français est une stratégie pour gagner les cœurs et les esprits des populations africaines.

La rédaction

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