Analyse : Que dire de la transition démocratique dans certains pays d’Afrique : Burkina Faso, Mali, Guinée et Tchad ?

Après le coup d’Etat au Mali en 2020, plusieurs pays ont suivi la nouvelle donne. C’était le tour au Tchad, à la Guinée, et puis au Burkina Faso. Ces quatre nations ont été témoins des activités putschistes qui ont un tant soit peu, déstabilisé la quiétude de la population. Si les raisons de la montée au pouvoir diffèrent d’un militaire à un autre dans ces pays, que dire des transitions démocratiques qu’ils ont tous promis ? Où en est-on par rapport à la démocratie dans tous ces pays ?

Au Mali, les élections présidentielles seront en février 2024

C’est au Mali que le coup de sifflet a été donné en Afrique ces derniers mois en termes de coup d’Etat. Le 18 août 2020, le président Ibrahim Boubacar Keïta est renversé lors d’un putsch. De lourdes sanctions ont été imposées par la Cedeao au pays. Entre autres, ses frontières ont été fermées et les échanges commerciaux entre les pays voisins ont été arrêtés.

Quelques mois après, les sanctions ont été levées lorsque la junte a mis en place un gouvernement de transition civil. Ensuite, les autorités ont promis d’organiser les élections dans le pays avant le 27 février 2022. Tout de même, en mai 2021, la junte élimine le gouvernement qu’il a lui-même placé au pouvoir et prend le contrôle du pays lors d’un second coup d’Etat. Après avoir organisé les Assises nationales, il a été conclu que la transition devait durer cinq années de plus.

Comme toujours, la CEDEAO s’est opposée à cette décision et impose un nouvel embargo économique au Mali. Ce n’est que le 6 juin passé que le président de la transition, le colonel Assimi Goïta annonce un calendrier de transition sur une durée de 24 mois à partir du 26 mars 2022. Il est important de savoir qu’un référendum constitutionnel est programmé pour mars 2023. Il sera suivi d’élections législatives entre octobre et novembre 2023. La présidentielle doit se dérouler en février 2024. Le Mali maintient sa souveraineté et préfère fonctionner à son rythme.

Elections présidentielles prévues en 2024 au Burkina Faso

Le vendredi 30 septembre, le Burkina a assisté à son deuxième coup d’Etat en moins d’un an. Le lieutenant-colonel a été poussé à la démission. Il a été remplacé par le capitaine Ibrahim Traoré, devenu nouveau chef du Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR). Le mardi 04 octobre, le nouveau président du Burkina par intérim a reçu la délégation de la CEDEAO, venue pour évaluer la situation sur le terrain après le putsch du 30 septembre.

Malheureusement, cette visite a été de courte durée car elle s’est tenue à l’aéroport. Plusieurs manifestants étaient sortis pour exprimer leur mécontentement par rapport à l’organisation sous régionale et par rapport à la France. Ce nouvel homme fort a décidé de prendre le pouvoir par la force à cause de la progression rapide des groupes djihadistes dans le pays. En quelques années seulement, le Burkina a perdu 40% de son territoire au profit de ces groupes armés barbares et extrémistes.

Après la visite de la délégation de l’organisation ouest africaine, l’ancien président du Niger, Mahamadou Issoufou, médiateur de la Cédéao pour le Burkina a déclaré : « je suis totalement satisfait de l’entretien que j’ai eu avec le capitaine. Nous repartons confiants ». En ce qui concerne Ibrahim Traoré, il s’engage à respecter scrupuleusement les engagements pris par son prédécesseur.Il s’agit de l’organisation des élections présidentielles au plus tard en juillet 2024.

En Guinée, la transition sera de quatre ans : la CEDEAO s’oppose à cela

Le 5 septembre reste une date historique en Guinée. Le président Alpha Condé qui essayait de briguer un troisième mandat a été renversé par un groupe de l’armée. Il s’agit du Groupement des forces spéciales (GFS). Il faut noter que le groupement a été créé par l’ex-président comme étant une brigade antiterroriste en 2018, et est dirigé par le colonel Mamady Doumbouya. Ce dernier réussit son putsch en 2021 et s’installe au pouvoir comme président par intérim de la nation.

La junte travaille en étroite collaboration avec la CEDEAO pour mettre en place un processus de transition inclusif digne de ce nom. Le seul problème qui se pose actuellement est celui de la durée de la transition. Le Conseil national de la transition (CNT) qui fait office de Parlement depuis le putsch a validé une période de transition de 3 ans en mai dernier. Cette période critiquée par l’opposition, était aussi rejetée par la CEDEAO qui opte pour une transition de deux ans.

Lors d’une session en marge de la 77e assemblée générale des Nations unies, l’organisation sous-régionale s’est réunie et a pris la décision de formuler des « sanctions graduelles » contre la Guinée et contre certains membres et soutiens du gouvernement. Tout de même, lors de son discours à la nation le 1er octobre passé en prélude au jour de l’indépendance de la nation, le président par intérim affirme qu’il ne « confisquera pas le pouvoir ». Somme toute, son équipe et lui essayeront de ‘’tout mettre en place’’ avant la venue du nouveau président, qui sera un civil.

La transition de 18 ans au Tchad est prolongée de 24 mois de plus

Il s’agit d’une situation assez particulière au Tchad. Après la mort de son père sur le champ de bataille, le président Idriss Déby est directement remplacé par son fils Mahamat Idriss Déby. Il devient le président du Conseil militaire de transition et président de la République. Alors que le président de l’Assemblée nationale assure l’intérim, Mahamat fait un coup d’Etat et prend les rênes de la nation.

A son ascension au pouvoir, il promet d’assurer la transition, d’organiser des élections « libres et transparentes » et surtout de ne pas se présenter au prochain scrutin. Comme toujours, la France approuve cette transition, certainement à cause de ses intérêts dans le pays. Tout le monde se rappelle du traitement de faveur dont a bénéficié Mahamat lors des obsèques de son père.

La transition devrait durer 18 mois et c’est l’accord que le Tchat avait eu avec l’Union africaine. Seulement, les conclusions du Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) ont surpris tout le monde. Ce 1er octobre, la commission ad hoc du DNIS annonce une prolongation de la transition sur 24 mois. En plus, elle donne la possibilité à Mahamat Idriss Déby de se présenter aux élections présidentielles prochaines.

De son côté, l’Union africaine martèle que le calendrier initial devra être respecté. C’est le mécontentement au sein de de l’opposition du pays. Pour plusieurs, ils se sont sentis trahis par une figure politique qui promettait encore une fois d’apporter le changement. Pour le moment, aucune sanction n’a été prononcée contre le Tchad.

La rédaction

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