Mali : L’Etat islamique en progression dans la région de Ménaka
Les combattants du groupe Etat islamique au grand Sahara ont pris la localité de Tidermène, un village, isolant la ville de Ménaka au nord-est passé presque entièrement sous le contrôle de l’EIGS, ont indiqué des élus et des témoins mercredi à l’AFP.
La prise de Tidermène, un village de quelques milliers d’habitants à quelques dizaines kilomètres au nord de Ménaka, confirme la poussée de l’EIGS rapportée depuis des mois dans ces immenses entendues au prix d’intenses batailles, du massacre de civils et de déplacements massifs de populations.
Tous les principaux cercles – subdivisions administratives de la région sont à présent sous emprise de l’EIGS. ‘’ Tidermène est tombée aux mains de Daesh’’, acronyme arabe de l’organisation Etat islamique, a dit un élu de la localité qui s’est replié à Ménaka, la capitale régionale.
« Ce jour, ils distribuent des corans aux populations. Ils circulent en ville avec des armes », a-t-il rapporté.
Joints au téléphone, les interlocuteurs de l’AFP s’expriment sous couvert de l’anonymat, essentiellement par crainte de représailles.
Les djihadistes ‘’ont demandé aux civils de Tidermène de circuler librement, vaquer à leurs occupations et de s’apprêter à payer la zakat’’, une taxe de fait prélevée au nom de l’islam, a dit un élu.
Les régions de Ménaka et Gao, plus à l’ouest, sont depuis début 2022 le théâtre d’une vaste offensive de l’EIGS.
Cette offensive donne lieu à d’intenses batailles avec les rivaux du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilé à Al-Qaïda, les anciens indépendantistes touareg qui ont signé la paix en 2015, ou encore les loyalistes qui combattaient autrefois les indépendantistes.
Des civils pris au piège des combats
Différents acteurs expliquent que les jihadistes se sont engouffrés dans le vide laissé par le départ de la force française Barkhane.
L’ONU et les ONG rapportent des attaques répétées et des opérations punitives contre des communautés accusés d’aider l’ennemi ou de refuser de rejoindre le rang jihadistes.
Les violences ont fait des centaines de morts parmi les civils. Les populations se déplacent en masse vers les villes ou vers les camps, y compris de l’autre coté de la frontière avec le Niger.
Tidermène était auparavant un fief du GSIM. Ses nouveaux maitres recherchent les civils qui possèdent des armes ou des talkies-walkies, a indiqué à l’AFP un habitant réfugié à Ménaka.
Ils ont assuré que leurs ennemis étaient l’armée malienne, le GSIM ou les autres groupes armés, et non pas les civils, ‘’ malgré ça, des civils qui avaient peur ont quitté Tidermène’’, a-t-il dit.
Jusqu’à preuve du contraire, le gouvernement malien n’a pas encore réagi à ces informations mais certains officiers de l’armée assurent que , l’armée malienne contrôle Ménaka et assure la protection des civils.
La Rédaction
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