
Trois cas en trois jours, c’est le nombre de suicide que les bamakois ont appris avec étonnement la semaine dernière. Le phénomène considéré, comme tabou auparavant, devient de plus en plus récurrent et préoccupant. Nous avons rencontré Dr Ibrahim Haidara, psychologue, sur la problématique.
Mettre fin délibérément à sa propre vie, c’est cela le suicide. Les statistiques montrent que plus de 800 000 personnes se suicident chaque année à l’échelle mondiale. Selon l’Organisation mondiale de la santé, le suicide est la treizième cause de mortalité dans le monde d’une façon générale et la première cause de mortalité chez les jeunes. Sur le cas spécifique du Mali, nous n’avons malheureusement pas de statistique mais il faut reconnaitre que les actes de suicide devienent de plus en plus récurrents dans notre pays. Les trois cas de la semaine dernière sur le troisième pont de Bamako sont á la fois illustratifs et inquiétants.
Des scènes macabres nous amènent á poser des questions sur le phénomène et chercher l’avis d’un spécialiste.
Selon Dr Ibrahim Haidara, le psychologue que nous a rencontré, les candidats au suicide sont des individus qui sont dans une situation embarrassante et qui en ont marre de la vie. << Ce sont des gens qui n’ont plus d’espoir, qui ne voient plus l’avenir tel qu’il l’avait envisagé. Ce sont des personnes qui sont dans des situations tellement conflictuelles et embarrassantes. Elles ne sont pas bien par rapport á une situation donnée >>, précise le Dr Haidara.
En général, les personnes qui se suicident parlent de leur angoisse ou donnent des signes annonciateurs. Les proches doivent savoir vite décoder. << Quand quelqu’un dit qu’il n’a plus envie de vivre, que l’avenir est sombre, qu’il a envie d’en finir. Il faut vraiment l’écouter puisqu’on ne s’amuse pas pour dire je n’ai plus envie de vivre >> conseille le psychologue. Des discours après lesquels il faut vite chercher des solutions avant que l’individu ne passe á l’acte.

Afin d’anticiper sur l’irréparable, notre psychologue conseille aux proches des personnes dans des situations pareilles d´être réactifs dans la recherche de solution. Cette phase décisive passe, selon notre interlocuteur, par l’observance de certaines mesures comme lui prodiguer des conseils, l’amener chez une personne ressource ou faire recours au service d’un psychologue ou d’un psychiatre.
Le phénomène du suicide est un véritable problème de santé publique et il doit être considéré comme tel, selon le psychologue. Pour ce faire, les autorités publiques, les spécialistes de la santé mentale doivent tous se mobiliser afin de contrecarrer ce mal. Car chaque nouveau cas est un cas de trop qu’on pouvait peut-être éviter.
Le Sénateur
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