L’ancien président du Mali Amadou Toumani Touré est décédé cette nuit à l’âge de 72 ans en Turquie, où il était en cours d’évacuation après une opération du cœur.
Il aura été le président qui a dirigé le Mali deux fois. Acteurs majeurs de l’avènement de la démocratie, voici son parcours.
La grande faucheuse a élu domicile dans la cour des anciens présidents de la République du Mali. Le général Amadou Toumani Touré s’en va à moins de deux mois du décès du général Moussa Traoré, l’homme qu’il renversait en 1991 par un Coup d’État.
ATT est décédé dans la nuit de lundi à mardi, à Istanbul, à l’âge de 72 ans. Il venait d’être évacué en Turquie d’une opération du cœur fait à Bamako.
Il soufflait sa 72ème bougie le mercredi dernier puisqu’il est né le jeudi 4 novembre 1948 à Mopti.
Sorti de l’école normale secondaire de Badalabougou en 1969 pour devenir instituteur, Amadou Toumani Touré, intègre finalement l’armée, à travers l’école interarmes de Kati.
Évoluant au sein du 33e Régiment des commandos parachutistes, il grimpe rapidement les échelons. ATT devient en 1984 le commandant de son régiment après plusieurs stages effectués en URSS et en France.
En mars 1991, après les manifestations populaires réprimées dans le sang, il participe au coup d’État contre Moussa Traoré. A l’époque lieutenant-colonel, il prend la tête du Comité de transition pour le Salut du peuple et assure les fonctions de chef de l’État pendant la transition.
La conférence nationale est organisée puis les élections législatives et présidentielles. À l’issue de ces élections, il remet le pouvoir Alpha Oumar Konaré, le nouveau président démocratiquement élu.
Après les 16 mois passés à la tête du Mali, ATT se lance dans l’humanitaire avec la création de la fondation pour l’enfance.
En juin 2001, il est l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, en République centrafricaine, après un coup d’État manqué contre Ange-Félix Patassé.
La même année, il demande et obtient sa mise en retraite anticipée de l’armée. Il se lance dès lors dans la politique en déposant sa candidature pour l’élection présidentielle de 2002. Il sera élu président de la République le 12 mai 2002 avec 64,35 % des voix au second tour contre 35,65 % , pour Soumaïla Cissé, son adversaire
Amadou Toumani Touré n’appartenait à aucun parti politique. il opte donc pour une gestion assez atypique du pouvoir avec une large ouverture du gouvernement à toutes les sensibilités socio-politiques du pays.
ATT est réélu le 29 avril 2007 dès le premier tour grâce à son bilan assez élogieux dans tous les secteurs de développement du pays.
Contre toute attente il est renversé le 22 mars 2012 par un coup d’État à deux mois avant la fin de son mandat. Les auteurs de ce coup justifie leur acte par sa mauvaise gestion de la rébellion du nord.
Il s’exile ainsi au Sénégal et se mis à l’écart de la vie politique du pays.
Amadou Toumani Touré était Grand officier de la Légion d’honneur de la France et Grand-croix de l’ordre de Saint-Charles du Monaco, les plus hautes distinctions honorifiques de ces pays.
Rentré définitivement le 15 décembre 2019 de son exil, il avait pris l’engagement de s’investir dans le cadre de la paix et de la réconciliation nationale.
Réputé pour son accessibilité et son aisance à se fondre dans la masse, le Mali perd, en lui, un patriote, un soldat de la démocratie et un président bâtisseur.
H.K
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