Ligue arabe : l’Algérie refuse que l’absence du roi Mohamed VI mette en mal son sommet

Le 31e sommet de la Ligue arabe s’est ouvert le 1er novembre en absence du monarque marocain. Après s’être retirée du sommet il y a plusieurs années, l’Algérie souhaite revenir sur la scène diplomatique régionale en organisant ce sommet arabe, du 1er au 2 novembre 2022.

L’Algérie accueille les chefs d’États arabes

Cela fait tellement longtemps que l’Algérie n’a pas accueilli de sommet de chefs d’États arabes. Le dernier en date était en mars 2005. A cette époque, le président Abdelaziz Bouteflika était au sommet de son pouvoir, en bonne santé et l’Algérie laissait derrière elle une décennie sombre. La Syrie de Bachar el-Assad était stable et respectée, le colonel Kadhafi était le maître absolu de la Libye, en Égypte et en Tunisie Hosni Moubarak et Zine el-Abidine Ben Ali semblaient prêts à gouverner à vie.

Au cours du sommet de 2005, Aziz Bouteflika avait promis au roi Mohammed VI la possibilité de rouvrir la frontière commune entre les deux pays frères, une frontière fermée depuis août 1994. Mais cette possibilité sera encore une fois rejetée. Cette semaine, l’Algérie accueille une fois de plus, le sommet de la Ligue arabe dans un contexte complètement différent. La situation politique et sécuritaire dans le monde arabe s’est détériorée depuis plusieurs années. Il faut trouver un terrain d’entente pour remettre les choses sur pied.

Nasser Bourita explique l’absence du roi marocain au sommet arabe

Le ministre algérien des Affaires étrangères algérien, Ramtane Lamamra, a déclaré que son pays était officiellement informé de l’absence du roi du Maroc, Mohammed VI, au sommet d’Alger, notant que sa participation aurait été l’occasion de rencontrer les dirigeants des deux pays qui vivent séparés pendant des mois. Malgré l’absence du roi Mohammed VI du Maroc et de certains monarques du Golfe, comme l’émir du Koweït ou le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman (qui a présenté ses excuses au président Teboune pour des raisons de santé), les Algériens ont insisté sur le nombre de participants. Un diplomate algérien a souligné que l’absence du prince saoudien n’était pas une question diplomatique. En Algérie, c’est compréhensible. L’émir du Qatar sera également présent.

Selon Lamamra, « le président de la République (l’Algérien Abdelmadjid Tebboune) reçoit tous les chefs d’État à l’aéroport et que chaque chef d’État a une conversation avec lui. On s’attendait à ce qu’une conversation de ce genre aurait lieu à l’aéroport avec Sa Majesté le Roi du Maroc, et il serait décidé individuellement à l’époque s’il était possible de le faire. »

Lundi, le ministre des Affaires étrangères Nasser Bourita a annoncé l’absence officielle du roi Mohammed VI du sommet. En répondant aux spéculations, le diplomate a informé que le roi Mohammed VI ne pouvait pas participer au sommet à cause d’un « certain contexte régional bilatéral ». Il a tout de même mentionné lors d’une interview accordée à la chaîne d’information « Al Arabiya », que le roi marocain a été l’un des « premiers dirigeants arabes à avoir initialement exprimé sa volonté de participer ».

Il a aussi ajouté que le roi avait instruit sa délégation et lui d’informer « les autres pays arabes de cette participation, afin de les encourager à prendre également part à cette réunion ». Il a aussi informé tout le monde que  «le Roi a suivi les préparatifs et a aussi d’autres considérations ». Il faut aussi noter que le Maroc estime que « les autorités algériennes réservaient un traitement peu diplomatique à Nasser Bourita et à sa délégation, qui ne permettrait pas au Roi d’avoir un séjour serein et pacifique ».

Le sommet arabe d’Alger pour repenser les relations

En Algérie, Abdelmadjid Tebboune remplace l’ancien président Bouteflika, destitué par les chiraquiens en 2019. Le Printemps arabe a combattu Moubarak, Ben Ali et Kadhafi et a aboli la présidence à vie. Après une décennie de guerre, la Syrie est tombée dans les bras de la Russie et est exclue de la Ligue arabe, tandis que la Libye s’efforce de sortir du chaos dans lequel elle a été plongée par le renversement de son dirigeant d’alors. Israël, l’ennemi intemporel des arabes, a normalisé ses relations avec les monarchies du Golfe, ainsi qu’avec le Maroc, qui a de nouveau coupé les ponts avec l’Algérie depuis août 2021.

Dans ce contexte de changement, les chefs d’État et les monarques arabes se réuniront à Alger le 1er novembre au luxueux Centre international de conférences (CIC) Abdellatif Rahal, dans la station balnéaire du Club des Pins. Le fait que le 31e Sommet débute le jour où l’Algérie célèbre le 68e anniversaire du déclenchement de sa guerre d’indépendance en 1954 donne à l’événement un caractère très particulier.

A travers ce sommet, l’Algérie entend unifier le monde arabe. Mais est-possible de le faire surtout dans ce monde où tous les pays sont polarisés en suivants leurs propres intérêts personnels?

La rédaction

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