Afrique de l’Ouest : la présence des djihadistes est au cœur de la préoccupation des chefs d’Etats

Au cours des trois derniers mois, 20 bases djihadistes ont été identifiées aux frontières du Mali, du Burkina Faso et de la Côte d’Ivoire. Ils séduisent beaucoup de jeunes qui rejoignent leurs rangs de combattants par centaines. Selon Wasim Nasr, spécialiste de la mouvance djihadiste, cette présence témoigne d’un processus de consolidation territoriale, impliquant notamment des recrutements transfrontaliers.

La menace djihadiste s’étend sur l’Afrique de l’Ouest comme

Présents au nord du Mali, au Niger et au Burkina Faso, les troupes djihadistes se déplacent à grande vitesse et gagnent du terrain. En Afrique de l’Ouest, une menace djihadiste qui déchire le cœur du Sahel se déplace vers le sud, du Bénin à la Côte d’Ivoire. Ces États du golfe de Guinée améliorent leurs mesures et politiques de sécurité suite à la recrudescence récente  des incursions, parfois meurtrières, dans leurs régions les plus septentrionales. Mais comment éviter de répéter les mêmes erreurs commises par les voisins sahéliens ? Telles sont les préoccupations des dirigeants des pays touchés.

La «terrifiante» réalité béninoise

Parmi les États littoraux, le nord du Bénin a payé le prix le plus élevé avec une vingtaine d’attaques contre les forces de sécurité depuis le déploiement des troupes fin 2021. L’incertitude gagne les forces de l’ordre dans les différents pays. Avec les attaques qui se multiplient, il n’est pas certain de voir le lendemain. Fin juillet, le président béninois Patrice Talon a exhorté le président français Emmanuel Macron, en visite à Cotonou, à l’aider à acquérir davantage d’équipements, notamment des drones, soulignant l’engagement continu de la France dans la « guerre contre le terrorisme » en Afrique de l’Ouest.

Les djihadistes se multiplient par des diffusions d’idées et par des aides aux populations délaissées

Le Togo a subi ses premières attaques meurtrières en mai 2022, et Ghana pays voisin en a été épargné malgré les invasions et le recrutement de centaines d’habitants. Une fondation allemande qui fonctionne en Afrique de l’Ouest rapporte que les troupes progressent vers le nord du Ghana. Mais pour le moment, pas d’attaques pour le moment.

La militarisation de la frontière « serait aussi inefficace qu’elle l’a été au Sahel », a averti le groupe de réflexion marocain, le Center for  New Southern Policy, dans un rapport publié en août. Les auteurs du rapport soulignent que le groupe djihadiste sahélien n’est « pas une armée traditionnelle ». Ils se sont répandus « en diffusant leurs idées et en exploitant les doléances des habitants » dans ces quartiers souvent délaissés.

Une avancée vers la côte pour une position plus stratégique pour les djihadistes

L’installation dans cette zone transfrontalière permet aux djihadistes de prendre facilement d’assaut la frontière et d’avancer vers le sud en direction de la Côte d’Ivoire. L’organisation locale répond largement à la volonté d’encercler Bamako en autorisant le blocage des routes menant à la capitale malienne. Les autorités locales doivent rapidement réagir afin de préserver la paix dans leurs populations.

Les attentats ne sont que la « partie émergée de l’iceberg », explique Jeannine Ella Abatan, chercheuse à l’Institut d’études de sécurité (ISS). Depuis 2019, des recherches menées au Sahel ont montré que des groupes extrémistes violents font déjà leurs achats dans les pays côtiers non seulement pour des moyens logistiques et opérationnels, mais aussi à des fins de financement.

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