Les rebelles tigréens qui combattent dans le nord de l’Éthiopie et le gouvernement fédéral ont récemment exprimé leur volonté de participer à des pourparlers organisés par l’Union africaine (UA). Mais cette lueur d’espoir a rapidement été remplacée par l’inquiétude lorsque les combats ont repris après une trêve de plusieurs mois.
Le Tigré, une région autonome
Avec plus de 110 millions d’habitants, l’Éthiopie est le deuxième pays le plus peuplé d’Afrique. C’est une république fédérale divisée en 10 régions autonomes, dont le Tigré. Sa capitale est Mekele. Cette région, plus grande que la Suisse, est située au nord du pays et borde l’Érythrée et le Soudan. La région abrite près de six millions de personnes, principalement des Tigréens, qui représentent environ 6 % de la population totale de l’Éthiopie.
La guerre s’est officiellement déclenchée en novembre 2020 avec une offensive lancée par le gouvernement central. Le but était de renverser les autorités rebelles du Tigré par le biais du Front populaire de libération du Tigré (TPLF). Le parti au pouvoir dans la région autonome a été accusé d’attaquer les bases de l’armée fédérale dans le Tigré.
Mais, le conflit remonte à 2018, lorsque le nouveau Premier ministre d’alors, Abiy Ahmed, d’origine Oromo, le plus grand groupe ethnique du pays, a pris ses fonctions. Il a progressivement retiré du pouvoir fédéral, le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF), principale force politique de l’Éthiopie depuis 1991.
Conséquences catastrophiques
Les violences meurtrières, qui durent depuis près de deux ans, ont tué des milliers de personnes et en ont déplacé plus de deux millions. Selon une enquête conjointe des Nations unies et de la Commission éthiopienne des droits de l’homme, de multiples abus, massacres, viols et tortures – ont été commis dans cette guerre. Selon Amnesty International, le conflit a eu un impact « énorme » sur la population civile. Des centaines de milliers de personnes vivent aujourd’hui dans des conditions déplorables, et proches de la famine. Tedros Adhanom Ghebreyesus, le président de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et originaire de la région du Tigré, l’a qualifiée de « pire catastrophe au monde ».
Quelles sont les chances de paix ?
Les espoirs de pourparlers de paix en Afrique du Sud, organisés par l’Union africaine (UA) pour trouver une solution au conflit du Tigré, ont été anéantis durant le week-end du 8 octobre 2022. N’ayant pas eu lieu, ils ont été reportés à une date non encore précisée. Cela peut être dû à des problèmes logistiques et au fait que les participants n’ont pas été consultés à l’avance. Des représentants du gouvernement fédéral et des rebelles du TPLF ont été invités aux pourparlers, tandis que les Erythréens et les Amahara en ont été exclus.
Selon de nombreux analystes, l’intensité du conflit rend les négociations de paix extrêmement difficiles. La destabilisation potentielle de toute la Corne de l’Afrique, et pas seulement de l’Éthiopie, est également une préoccupation majeure. Il s’agit sans doute du conflit le plus intense au monde, avec des dizaines de milliers de soldats qui se battent sur la frontière nord du Tigré avec l’Érythrée. Après plus de 700 jours, le Tigré est toujours inaccessible aux médias et aux journalistes. Le Council on Foreign Relations tiendra une réunion sur l’Éthiopie le 17 octobre.
La rédaction
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