Depuis quelques mois, la région du Sahel est marquée par des conflits entre les groupes armés djihadistes d’une part et les populations ainsi que les forces de l’ordre d’autre part. En plus de cela, les changements climatiques constituent une menace pour les communautés parmi lesquelles des millions de personnes se sont déplacées dans l’espoir de trouver de meilleures conditions de vie.
Une situation qui dégénère au Sahel
Dans cette région de l’Afrique, l’insécurité a pris le dessus. Les conflits incessants ont causé la mort de plusieurs personnes et la destruction des biens. En plus de cela, les violences ont poussé des millions de personnes à se déplacer en vue d’une vie meilleure, laissant derrière elles, leurs troupeaux, leurs maisons, etc.
Lors de sa première visite de terrain en tant que présidente du Comité international de la Croix-Rouge (CICR), Mirjana Spoljaric a averti sur les pressions qui s’exercent au Sahel, aussi bien sur les millions de personnes déplacées que sur les communautés qui les accueillent. Elles doivent toutes se partager la même eau, les mêmes terres, leur nourriture, ce qui peut créer d’autres formes de conflits.
« Ces familles aspirent désespérément à une vie meilleure. J’ai parlé avec des femmes qui ont dû enterrer leurs enfants pendant leur fuite. Beaucoup ont perdu leur mari, leurs frères… L’aide humanitaire est limitée et ces personnes n’entrevoient aucune échappatoire. Nous devons briser ce cercle vicieux de changement climatique et de violence qui les force à abandonner leurs terres », a déclaré Mme Spoljaric.
Une des personnes a déclaré : « Nous n’avons plus connu la paix depuis la crise de 2012. Les attaques meurtrières récentes nous ont obligés à fuir notre village. Des combattants armés ont tué tous les hommes – nos maris, nos fils – et nos filles, et ont violé certaines des femmes ». En réalité, les statistiques ont prouvé que plus de 4,5 millions de personnes ont été contraintes à quitter leurs foyers au Burkina-Faso, au Mali et au Niger. Le nombre de déplacés a augmenté de 200% en seulement deux ans alors que la population sahélienne dépend principalement de l’agriculture et de l’élevage pour survivre. Ainsi, les personnes déplacées se retrouvent privées de leurs terres et bétails, les plongeant dans des situations difficiles.
Par exemple, au Mali, le changement climatique fait partie des réalités quotidiennes. Des lacs entiers se sont asséchés comme le lac Faguibine, inhibant toutes les activités agricoles et poussant les populations à se déplacer. Au Burkina par exemple, plus de 80% de la population vit de l’agriculture et de l’élevage… Avec le changement climatique, des milliers de familles ont sombré dans la pauvreté parce qu’elles ne peuvent plus cultiver. Le même scénario se passe dans les autres pays du Sahel. Tout de même, au Niger, cette nation, en plus de la sécheresse qui sévit, des inondations ont causé beaucoup de dégâts.
Des organisations internationales viennent en aide aux populations
Au Mali par exemple, la Croix-Rouge malienne dont les volontaires sont chaque jour sur le terrain, ne cessent d’apporter leur soutien aux communautés dans tout le pays. Ils sont au cœur de l’aide humanitaire déployée dans le pays. « En cette période marquée par l’instabilité mondiale et l’augmentation des besoins humanitaires, nous devons veiller à ce que les pays du Sahel ne soient pas oubliés », a indiqué Mme Spoljaric. « S’il est essentiel de répondre aux situations d’urgence en cours, des investissements ciblés sont aussi nécessaires pour aider les populations à s’adapter aux évolutions rapides causées par le changement climatique, ainsi qu’à se libérer de leur dépendance à l’aide humanitaire», a-t-il continué. D’autres organisations comme l’OXFAM par exemple, aident les communautés au Burkina et dans les autres pays du Sahel.
Il est temps que les Etats prennent leurs responsabilités, développent des programmes nationaux ou trouvent des partenaires pour assurer la sécurité à leurs populations. Au Burkina Faso par exemple, la mission du nouveau gouvernement de transition est d’assurer la paix et la sécurité dans le pays. Il urge que les pays du Sahel travaillent ensemble pour trouver des solutions durables.
L’ancien président du Niger Mahamadou Issoufou dénonce une mauvaise gestion de la situation au Sahel
Présent au 8e Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, l’ancien président du Niger s’est exprimé à la fin de la conférence. L’homme politique exprime son incompréhension face aux Etats africains qui apportent un soutien massif à L’Ukraine, alors que, selon lui, « les yeux sont détournés de la situation au Sahel ». Pour lui, les yeux doivent être fixés sur la situation d’insécurité qui prévaut au Sahel, une région en proie à la violence djihadiste.
Lors de la conférence de presse de clôture du Forum de Dakar, il a précisé que : « L’armée comme on le sait c’est la colonne vertébrale de l’Etat… Malheureusement ces défis sont survenus à un moment où, en réalité, je peux le dire, on n’a pas d’armées capables de faire face aux menaces. Il faut construire ces armées ». Il a ajouté que : « ça choque les Africains d’ailleurs de voir les milliards qui pleuvent sur l’Ukraine alors que les regards sont détournés de la situation au Sahel », soulignant le contraste avec les difficultés rencontrées pour boucler les quelque 400 millions de dollars de budget de la force conjointe du G5 Sahel.
Pour terminer, il a lancé un appel à la communauté internationale à venir en aide aux pays du Sahel, soulignant la responsabilité des Etats occidentaux dans la déstabilisation de la région avec leur intervention militaire en Libye en 2011.
La rédaction
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