Après le Dialogue National Inclusif et Souverain, une nouvelle équipe a été mise en place pour diriger le pays. Après cette nomination, les acteurs politiques ont exprimé de divers degrés d’appréciation par rapport à cette composition.
La nouvelle équipe d’union nationale
Deux jours après la nomination de Saleh Kebzab au poste de premier ministre, Mahamat Idriss Déby Itno a officiellement annoncé la formation d’un gouvernement d’union nationale au Tchad le 14 octobre. Le chef de l’État décide de nommer Mahamat Saleh Annadif au poste de ministre des affaires étrangères, poste qu’il a occupé sous Idriss Déby Itno de 1997 à 2003. Diplomate expérimenté, il a travaillé ces dernières années au Secrétariat des Nations unies en tant que représentant pour la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel.
Un autre nouveau venu important est Tom Erdimi. L’ancien rebelle, récemment libéré d’Égypte et de retour à N’Djamena depuis septembre, a été nommé ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche scientifique et de l’innovation. Parmi les autres nouveaux membres du cabinet, figurent quelques hommes forts de l’opposition tels que Laoukein Kouyaro Médard (Production et Transformation agricole), Mahamat Ahmat Alhabo (Justice) et l’ex-directeur de cabinet d’Idriss puis de Mahamat Déby Itno, Aziz Mahamat Saleh (Communication, porte-parole).
Les hommes de confiance au niveau de la sécurité et de l’économie
Le destin militaire du pays reste entre les mains du général Daoud Yaya Brahim. Il a été nommé ministre des forces armées et reste un conseiller de confiance du chef de l’État pour les questions de défense. Un autre général, Idriss Dokony Adiker, a conservé son poste au ministère de la Sécurité Publique, tout comme Tahir Hamid Nguilin au ministère des Finances et Djerassem Le Bemadjiel au ministère du pétrole.
Que disent les autres partis politiques ?
Malloum Yoboïdé Djeraki, président du Parti de la Réforme Démocratique et Socialiste, s’enthousiasme pour la nouvelle liste gouvernementale. Bien que son parti pro-transition ne soit pas représenté, il considère l’élection comme prometteuse : « Notre analyse est que c’est un gouvernement technocratique, un gouvernement qui aura un impact sur le peuple tchadien, qui fera vraiment la différence. C’est un gouvernement tchadien reconstitué qui reflète les espoirs et les aspirations des participants au dialogue national inclusif’’.
Max Kemkoye, président de l’Union des Démocrates pour le Développement, qui s’oppose au régime de transition, fait remarquer que les personnes promues ne sont autres que celles qui ont soutenu le régime de Deby père et fils. Il ne voit aucun changement visible : « Une simple lecture de ce gouvernement montre qu’il est à l’opposé du manifeste du premier ministre de la transition, qui dit qu’il faut accepter la foule d’hier pour laisser la place aux hors-la-loi d’hier. C’est le pouvoir écrasant donné à Mahamat Idriss Déby et un témoignage du peu qu’un premier ministre de transition peut faire’’.
Quelle est la marge de manœuvre de la nouvelle équipe ?
Un observateur anonyme a voulu savoir de quelle marge de manœuvre dispose l’équipe du Premier ministre Saleh Kebzab, qui a promis de réaliser un rêve vieux de trente ans, celui d’élections libres et transparentes. En réalité, en se fiant à la nouvelle équipe, force est de constater que les nouveaux membres du gouvernement semblent être ceux qui ont porté allégeance au gouvernement militaire. Ainsi, pour certains membres de l’opposition, il n’y a pas de véritables changements dans le pays.
Tout de même, l’avenir dira si la nouvelle équipe a une marge de manœuvre lui permettant de tenir toutes les promesses indiquées par le nouveau premier ministre.
La rédaction
Leave a Reply