Centrafrique : un commandant de la Séléka accusé devant la cour pénale internationale

Mahamat Saeed Abdel Khani est le commandant présumé de la coalition rebelle de la Séléka, une communauté majoritairement musulmane. Il fait face à sept chefs d’accusation de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Il est accusé d’avoir ordonné à ses hommes de maltraiter des détenus soupçonnés de soutenir l’ancien président centrafricain Bozizé pendant la sanglante guerre civile  qui a suivi le coup d’État de 2013.

Plusieurs charges confirmées en 2021

Mahmat Saeed Abdel Khani est coupable de sept  crimes de guerre et  crimes contre l’humanité commis entre avril et août 2013 à Bangui. Ces derniers ont été commis contre des détenus accusés de soutenir l’ancien président François Bozizé. Mahmat Saeed Abdel Khani a été extradé vers la CPI par les autorités de Bangui en janvier 2021 en vertu d’un mandat d’arrêt de 2019. Au début du procès, il a plaidé non coupable des accusations de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Cependant,  le tribunal basé à La Haye a partiellement acquitté les charges retenues contre lui, notamment pour l’affaire de torture, fin 2021, les persécutions, les traitements cruels et l’atteinte à la dignité de la personne.

L’un des pays les plus pauvres du monde, la République centrafricaine était plongé dans une guerre civile sanglante après le coup d’État de 2013 qui a renversé le président François Bozizé. Des combats ont opposé une coalition de groupes armés qui ont renversé  la Séléka à prédominance musulmane, Bozizé et des milices soutenant les anti-Balaka à prédominance chrétienne et animiste. Selon la CPI, les violences auraient tuées et orchestrées le déplacement de plusieurs milliers de personnes.

Selon les procureurs, Mahamat Said Abdel Kani, 52 ans, est le commandant en chef de la Séléka en charge du poste de police. Des partisans présumés de Bozizé ont été arrêtés, puis battus et torturés sous l’ordre de Mahamat.

L’accusé a utilisé une méthode de torture appelée « Albertachar »

L’accusé, parfois appelé le « colonel », le « chef » ou le « directeur », supervisait les opérations quotidiennes d’un établissement appartenant à une organisation policière. Cette dernière s’appelle  le Bureau central de répression des vols (OCRB). Selon des documents judiciaires, il est accusé d’avoir ordonné à ses hommes de maltraiter des détenus accusés de soutenir Bozizé ou  des anti-Balaka.

La technique de torture consistait à attacher très étroitement les mains, les coudes et les jambes du détenu derrière son dos de manière à ce que les jambes touchent les coudes. À la suite de cette torture, certains détenus avaient « des bras et des jambes paralysés, décolorés ou pourris », indique le document. Le procureur de la CPI a allégué que les détenus étaient jetés dans de petites cellules souterraines accessibles uniquement par des trous. Ces derniers se situaient dans le sol du bureau de Mahamat Said Abdel Kani au siège de l’OCRB dans la capitale.

Deux anciens chefs de guerre centrafricains qui ont dirigé la milice anti-Balaka, Patrice Edouard Ngaisona et Alfred Yekatom,  sont aussi désormais devant la CPI. Ils sont accusés pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité. Le pays d’environ cinq millions d’habitants, le deuxième pays le moins développé au monde selon les Nations Unies, continue d’être en proie à la violence et aux violations des droits de l’homme.

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