Mali : La pression de l’armée crée la dissuasion au sein de la katiba de Serma, membre de JNIM

La katiba Serma est une unité de combat, créée vers février 2014 dans la forêt du village de Serma. Au départ, le groupe réunissait les anciens combattants du Mouvement de l’unicité et du djihad en Afrique de l’Ouest « MUJAO ». Ils étaient revenus dans leurs villages respectifs après la défaite du MUJAO qui occupait la ville de Gao lors des opérations de la reconquête engagés par les Famas et l’armée française à partir de janvier 2013. Après avoir passé une année et demi dans le banditisme, ces jeunes ont été récupérés par Almansour Ag Alkassoum et Abdel Hakim, tous deux anciens du Mujao, d’où la naissance de cette unité aujourd’hui devenus une katiba autonome et très dangereuse.

Katiba de Serma : création, revendications et objectifs

Depuis sa création, cette petite unité de combat qui a rapidement prêté allégeance à  Hamadoun Koufa, fondateur de la Katiba de Macina, aujourd’hui membre de Jamat Nustratul Islam wal-Muslimin « JNIM » est considérée comme une force spéciale du groupe terroriste JNIM. Cette Katiba est le mentor d’Ansarul-islam, le groupe terroriste qui a revendiqué des attaques récemment au Burkina Faso, au Togo et au Benin. Le groupe est une filiale du groupe de soutien à l’islam et aux musulmans dans les pays de Liptako-Gourma.

groupe JNIM

Elle est à l’origine de plusieurs attaques violentes contre les forces armées maliennes depuis 2015. Elle a mené et ou participé à des attaques contre la position de l’armée malienne à Boni, Gourma Rharous, Douentza, Koro, Dinanougourou, Douna pin, Boulikessi, Mondoro, Gossi, Nampala, Hombori.

Le groupe armé a mené plusieurs embuscades contre le convoi des Famas sur la route Konna à Gossi. Cette entité terroriste est la plus méconnue des forces terroristes sous l’égide de JNIM mais aussi, la plus dangereuse. La katiba, depuis sa création était dirigée par un arabe du nom d’Abou Hamza Al-chingueti un mauritanien membre du JNIM tué dans une frappe de l’armée malienne. En plus des attaques menées contre les forces armées maliennes, du G5 sahel, de la Minusma et contre les populations locales, ce groupe est chargé par le JNIM de faire l’expansion du terrorisme, du Sahel vers le pays côtiers du Golfe de Guinée.

Influence de la katiba de Serma au-delà de sa zone de création

Après avoir aidé à implanter Ansarul islam au Burkina en Novembre 2016, le groupe a pris l’initiative de s’implanter dans la région de Sikasso et de Segou, particulièrement dans le cercle de Koutiala, dans la commune de Tiere et de Danderesso, cercle de Sikasso. Ils se sont implantés dans le cercle de Yorosso et Tominian, dans la région de Segou qui fait frontière avec le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire. Ensuite, la Katiba a envoyé ses combattants, dirigés par Hamza dans la commune de Kafolo en Côte d’Ivoire pour s’y implanter.  

Selon des spécialistes et des analystes, les combattants de la katiba de Serma ont été observés dans le département de Kompienga et de Pama dans la région Est du Burkina Faso. Ses combattants ont participé à plusieurs attaques contre les forces Burkinabé depuis 2019. Une partie de ce groupe terroriste se trouve aujourd’hui au Togo et au Benin où ils ont mené plusieurs attaques contre les positions de l’armée Togolaise et Béninoise au cours de cette année.

Selon un ancien membre de l’ONG INSO et des autorités locales du Burkina dans la région de Pama :« La présence des éléments combattants venus du Mali et même de la Mauritanie est observée dans le rang des djihadistes qui agissent dans la province de Pama et de kompienga, dans nos villages et sur les mines. Nous constatons qu’ils n’ont pas le même accent que nous et leur façon de parler ne ressemble pas à la façon de parler des locaux. Ce qui est impressionnant, ils sont très nombreux et ils sont les premiers à prêcher dans la région ».

Un imam d’un village près de Pama, sous couvert de l’anonymat, qui fut arrêté par ces terroristes étrangers a déclaré : « Lorsque j’étais arrêté par les djihadistes, au cours de ma détention, un jeune se présenta devant moi et a dit être Muaz de Serma. Il est le chef de groupe, originaire du Mali. Il était le juge et celui qui m’a donné le motif de mon arrestation et celui qui m’a jugé. Et par la suite, il a fini par me libérer 11 jours plus tard. Donc je confirme à votre micro que ces éléments sont très présents dans la zone de PAMA et leur chef s’appelle Muaz Serma ».

Cette katiba née au Mali et qui s’est répandue dans beaucoup de pays sous les ordres du JNIM, est dirigée par Iyad Ag GHALY, un ancien diplomate devenu chef de guerre des terroristes.

Comment l’armée malienne a-t-elle pu affaiblir cette katiba ?

Les crimes commis par ce groupe se sont accentués et les services de renseignement maliens ont pris soin de collecter assez d’informations. Un accent particulier a été mis sur cette katiba de Serma et des instructions ont été données pour anéantir cette unité terroriste, la plus puissante de JNIM en début avril 2022.

Ainsi, l’armée et les services de renseignement se sont activés avec de grands moyens, mais aussi avec des officiers supérieurs avec comme premier objectif d’assurer les frappes aériennes, et ensuite assurer un engagement au sol avec des partenaires.

Un officier, sous couvert de l’anonymat a révélé à notre rédaction que lors des attaques de l’armée contre ce groupe terroriste, « les frappes contre cette katiba ont été aériennes. D’Avril à Septembre, plus de 12 frappes aériennes ont été opérées sur les bases de cette katiba, dans son fief à Serma et dans ses sanctuaires dans la commune de Mondoro, Hombori, Boni et dans le cercle de Koro».

Entre les mois de Mai et d’Août de cette année,  les Famas ont conduit plusieurs opérations terrestres de ratissage contre les bases restantes dans la zone, ce qui a conduit à l’achèvement du peu qui reste des katiba de Serma.

Dysfonctionnements dans les rangs de la katiba de Serma

La Katiba de Serma, au bord de l’implosion suite à  la pression des Famas, déclenche un conflit interne. Ainsi, plusieurs terroristes désertent les rangs de katiba de Serma et de Jnim. L’étau se resserre autour des terroristes affiliés à la katiba Serma dans la Région de Douentza. En effet, depuis quelques jours, des tensions internes seraient en train de diviser les responsables terroristes de ce groupement déjà éprouvés par les précédentes opérations musclées des FAMA.

La question de la succession d’Abou Hamza a créé une guerre d’intérêt entre Moussa Hima et Oumarou Diallo alias Farouk, tous deux membres fondateurs de cette katiba. Selon des sources locales, plusieurs combattants ont quitté les rangs du groupe par peur, soit pour abandonner la lutte, soit pour aller sur les mines d’or d’Intahaka ou d’Inabao ; ou soit pour se rendre à l’EIGS. Ceci s’est produit depuis la frappe du 27 mai 2022 qui a tué plusieurs chefs de markaz et le leader du groupe Abou Hamza Al-chinguiti.

Les non moins importants du groupe armé ont repris leurs anciens travaux « élevage et agriculture ». Cette situation a fragilisé le groupe et découragé ceux qui souhaitaient rejoindre les rangs des terroristes. Après ces incidents, Oumarou Diallo alias Farouk se trouvant dans la zone de Yorosso est revenu sur Serma pour le choix d’un nouveau chef du groupe armé et booster le morale des troupes. Cette action a été mal vue par son ami Moussa Hima qui a voulu procéder à son arrestation ainsi qu’à celle des autres chefs venus de l’étranger.

Selon les mêmes sources, les terroristes proches de Moussa Hima ont vu une occasion de récupérer leur katiba car, depuis quelques temps, les locaux n’apprécient plus l’attitude de leurs chefs étrangers qui peinent à effectuer des ravitaillements en matière de nourritures et de carburant. Ils voient mal les étrangers qui les poussent à faire du mal à leurs proches, comme l’embargo sur Boni qui n’a jamais fait l’unanimité.

La rédaction

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