Mali : la mission de la CEDEAO quitte Bamako sans faire de déclarations

Attendue à Bamako le jeudi, la mission de Haut niveau de la CEDEAO a été reçue par les officiels du Mali. Les discussions ont duré quelques heures et jusqu’à présent, nul ne connaît les détails des sujets discutés. Si le sujet concernant la libération des 46 soldats devait être à l’ordre du jour, est-ce à dire qu’il n’y a pas eu de terrain d’entente entre toutes les parties prenantes ? En effet, la mission a quitté le Mali en début de soirée sans faire aucune déclaration sur l’objet du déplacement effectué.

Une mission bien accueillie par Bamako

Cette mission, conduite par les présidents du Ghana et de la Gambie, Adama Barrow et Nana Akufo-Addo, comprenait également le ministre des affaires étrangères du Togo, Robert Dussey, et le médiateur de la CEDEAO pour le Mali, Goodluck Jonathan.

Ces réunions ont pris la forme de séances de travail à huis clos entre le président du Mali, Assimi Goïta et ses homologues. Sur son compte Twitter, le président malien pouvait écrire : « J’ai accueilli les Présidents @NAkufoAddo du #Ghana et @BarrowPresident de la Gambie pour des échanges francs et sincères sur des questions d’intérêts régionaux. Attaché à sa souveraineté, le Mali reste ouvert au dialogue ». Il faut noter que la libération des soldats ivoiriens a été réclamée par plusieurs personnalités à l’instar d’Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU. Plusieurs officiels et dirigeants africains ont aussi fait cette demande et requête aux dirigeants maliens.

Des discussions entre présidents dont le contenu reste secret

Les trois présidents ont continué la discussion une deuxième fois, cette fois-ci, sans délégation pendant une période une heure environ. Aucune déclaration ou interview accessible à la presse n’a été fournie après leur publication pour le moment. Cependant, le président Nana Akufo Addo du Ghana a déclaré aux hommes des médias : « Toujours de bonnes relations, c’est tout». Le ministre togolais des affaires étrangères pour sa part, a dit « je ne parle pas ». Suite à cette brève visite à Bamako, la mission a été escortée au terminal international par le colonel Assimi Goïta, président de la Transition.

Pourquoi le mali maintient-il sa position ?

Le Premier ministre malien par intérim, le colonel Abdoulaye Maga, a déclaré dans son discours aux Nations unies le 24 septembre que son pays adhérait strictement à la note verbale de la MINUSMA du 22 juillet qui dit très clairement qu’il n’y a aucun lien entre les « 49 mercenaires » et les Nations Unies.

À la suite des efforts de médiation du Togo menés par  le  président Faure Gnassingbé, trois des 49 soldats qui sont des militaires de sexe féminin ont été libérés. En outre, lors d’une audience avec le  ministre nigérian des Affaires étrangères Geoffrey Onyema le 9 septembre, le colonel Goïta a révélé que la Côte d’Ivoire continue d’accorder l’asile politique à certains Maliens en exigeant la libération de « leurs soldats ». Un mandat d’arrêt délivré par un tribunal.

Selon le président malien, ces mêmes personnalités profitent de la protection de la Côte d’Ivoire « pour déstabiliser son pays », affirmant qu’il fallait une solution permanente plutôt que circonstancielle. Cette déclaration a sans surprise provoqué une réaction des autorités ivoiriennes qui, après une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité nationale le 14 septembre,  ont refusé d’accéder à la demande d’extradition malienne. Pour  Bamako, Abidjan a adopté une « position de victime » en dénonçant la « crise des otages » et en appelant à la « libération immédiate de ses soldats ».

Dans un communiqué diffusé 10 septembre le gouvernement malien accuse le pays voisin  de « manipulation (de la CEDEAO) visant à l’absoudre de ses crimes » après avoir accusé la Côte d’Ivoire de « vouloir transformer les relations bilatérales en crise diplomatique ». Il a également mis en garde contre les tentatives de « responsabilité envers le Mali pour les questions juridiques ».

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