Les procès concernant le massacre du 28 septembre 2009 doivent commencer ce mercredi en Guinée. Il y a de cela 13 ans, des soldats ont tué plusieurs personnes et ont violé des femmes lors d’un rassemblement de l’opposition au stade de Conakry. L’ancien dictateur guinéen Moussa Dadis Camara et plusieurs co-accusés ont été incarcérés avant leur procès mardi dernier. Moussa Dadis Camara, ainsi que 10 autres anciens militaires et responsables gouvernementaux, sont co-accusés pour la première fois devant un tribunal guinéen. Ils seront jugés à partir de ce mercredi, a déclaré leur avocat Me Salif Bevogi. Cette déclaration a été faite aux journalistes devant le tribunal pour crimes contre l’humanité.
Des violences considérées comme un « crime contre l’humanité »
Le 28 septembre 2009, des partisans de l’opposition se sont rassemblés dans un stade de Conakry pour manifester pacifiquement contre le pouvoir en place. L’objectif de cette manifestation était de dissuader Moussa Dadis Camara de se présenter à la présidentielle de janvier 2010. En ce jour, les militaires, policiers et miliciens du pouvoir ont provoqué un carnage et causé de nombreuses atrocités. Il faut noter que Dadis Camara était arrivé au pouvoir lors d’un coup d’État militaire en décembre 2008.
Ils ont poursuivi leurs massacres avec des couteaux, des machettes et des baïonnettes, jonchant les pelouses, les allées, les couloirs et les zones environnantes du stade de cadavres. Ils ont abusé des dizaines de femmes. Plusieurs personnes avaient paniqué, et de nombreux autres avaient été piétinés à mort. Les mauvais traitements infligés aux femmes kidnappées et aux prisonniers torturés se sont poursuivis pendant plusieurs jours. Selon un rapport de la commission d’enquête internationale commandée par l’ONU, 157 personnes ont été tuées. Des milliers de personnes ont été blessées dans des brutalités incontrôlées et au moins 109 femmes violées. Il faut reconnaître que les chiffres réels peuvent être plus élevés.
Selon la Commission d’enquête internationale, les violences commises il y a 13 ans constituaient un « crime contre l’humanité ». Amnesty International a publié le rapport à la veille du procès appelant à une meilleure prise en charge des victimes de viol en Guinée. Ce rapport publié appelle aussi à « l’adoption urgente d’une loi générale sur les violences basées sur le genre ».
Mobilisation des proches et victimes
Moussa Dadis Camara était en exil au Burkina Faso. Il est retourné à Conakry samedi soir pour assister à son procès. Il « veut laver son honneur », disent ses proches. La Commission internationale l’a accusé de « délit contre la personne et responsabilité de la direction ».
À l’issue de ce procès, des centaines de victimes et de membres de leurs familles, qu’ils soient membres de la société civile ou non, ainsi que des organisations de défense des droits humains pourront enfin trouver justice aux yeux de la loi. Le régime autoritaire doutait de sa tenue. Le chef de l’actuel gouvernement militaire, le colonel Mamadi Doumbuya, arrivé au pouvoir par un coup d’État en 2021 après 11 ans de gouvernement civil, a appelé en juillet à un procès. Cependant, les groupes de victimes veulent un vrai procès, et non une simulation.
Tout porte à croire qu’après ce procès, la Guinée ne serait plus le pays qu’il était avant. Espérons que les choses s’améliorent dans cette nation.
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