Paris et Alger semblent enterrer la hache de guerre pour travailler ensemble. Après une brouille politique de plusieurs mois, le président algérien avait invité son homologue français en août dernier. C’est à l’issue de ce déplacement que la « Déclaration d’Alger » a été signée. Le dimanche prochain, une délégation de 17 ministres français, incluant la première ministre Elisabeth Borne, se rendra à Alger pour concrétiser cette déclaration. Est-ce une stratégie de la France pour renouer les liens avec l’Algérie ou pour négocier son gaz, surtout qu’on sait que la Russie a coupé ses vannes ?
Les relations se sont améliorées entre Alger et Paris
Le jeudi 25 août 2022, le président français Emmanuel Macron atterri à Alger, suite à une invitation de la part de son homologue Abdelmadjid Tebboune. Cette visite officielle qui n’a duré que 3 jours a permis aux deux nations de renouer avec leurs relations diplomatiques. En effet, c’est la deuxième fois que le président français visite l’Algérie. La première fois, c’était en 2017, au temps du président Abdelaziz Bouteflika qui était souffrant et affaibli par la maladie. Cette tension était tellement forte que le président algérien avait même refusé d’honorer l’invitation de son homologue français en novembre 2021 pour la conférence internationale sur la Libye qui devait se tenir à Paris.
Il fallait attendre le mois de décembre 2021 pour que la situation commence par s’arranger entre les deux pays. C’est aussi dans l’amélioration de ces relations que le président Macron a été invité en août dernier à Alger par son homologue.
Que cache l’arrivée de cette délégation d’un si grand nombre de ministres ?
Dimanche prochain, une délégation de 17 ministres français, dont la présence de la première ministre Elizabeth Borne est attendue à Alger. Selon une source diplomatique française, on pouvait lire : « Autant de ministres qui se déplacent dans un même voyage, c’est du jamais vu ». La France qui déplace plus de la moitié des membres de son gouvernement pour se rendre dans un pays ? Il s’agit bien des intérêts français à Alger qui sont en jeu.
Il semblerait que le président Macron n’a ménagé aucun effort pour respecter les protocoles algériens et redorer son image. Rappelez-vous qu’en 2021, le premier ministre français d’alors Jean Castex avait vu son voyage en Algérie avorté. Pour cause, Alger pensait que le format de la délégation choisi par Paris n’était pas digne de son déplacement. A l’époque, il devait se rendre à Alger avec 4 ministres.
Cette fois-ci le président Emmanuel Macron a compris la leçon. Pour être bien vu dans ce pays du Maghreb, il doit se conformer aux traditions et protocoles établis. C’est dans cette optique que la France a pris cette mesure très diplomatique. Il faut noter que Paris n’est pas vu d’un œil dans ce pays. Pour preuve, l’ancien ministre algérien du travail, El Hachemi Djaaboub, avait accusé la France d’être « l’ennemi traditionnel et éternel » de l’Algérie lors d’une séance au Parlement. Il existe plusieurs sujets qui divisent ces deux nations, entre la réduction du nombre de visas et la polémique sur une tribune signée du chercheur Paul-Max Morin dont le titre: « Réduire la colonisation en Algérie à une ‘histoire d’amour’ parachève la droitisation de Macron sur la question mémorielle »
Pourquoi la France se rend-elle en Algérie ?
La crise énergétique bat son plein en Europe. Le gaz russe est coupé et les Européens doivent trouver de nouveaux fournisseurs. Et si la France trouvait l’Algérie comme un partenaire stratégique sur les questions énergétiques ? Eh bien, il semblerait que ce soit le cas. En effet, l’Algérie a produit environ 100 milliards de mètres cubes de gaz en 2021. En 2022, la production devrait atteindre 103 milliards de mètres cubes et 106 milliards de mètres cubes en 2023, si on se réfère aux projections de S&P Global.
Rome a déjà signé un partenariat avec Alger en juillet 2022 pour faire passer son importation de gaz à 9 milliards de mètres cubes d’ici 2024. Comme toujours, la France cherche sa part de gâteau. La forte délégation qui arrivera sur le sol algérien ce dimanche 09 octobre a pour but de concrétiser la « Déclaration d’Alger ». Un document qui présente les secteurs de partenariat entre ces deux nations, et parmi lesquels on trouve le secteur de l’énergie.
Pour survivre pendant l’hiver, la France joue encore une fois un jeu dont elle seule connaît les règles pour s’approvisionner en gaz auprès de sa nouvelle colonie. Si rien n’est encore certain, à l’issue de la visite de ces 17 ministres, tout le monde aura une idée claire des objectifs de la France.
La rédaction
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